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Les prix de l'urée baissent moins qu’attendu

L’évolution des prix mondiaux de l’urée a une incidence forte sur le marché français.

Très volatil depuis le début du conflit en mer Noire, le marché des engrais azotés ne revient pour le moment pas sur les niveaux observés avant 2020.

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Les exportations chinoises d’urée sont limitées depuis le renforcement en septembre 2023 des inspections douanières. Le gouvernement chinois est intervenu après une baisse des stocks en 2023, afin de contrôler la hausse des prix intérieurs de l’urée. En effet, les exportations ont augmenté l’an passé de 50 % sur un an pour atteindre 4,3 millions de tonnes (Mt). De plus, la demande domestique s’est elle aussi dynamisée, entre l’adoption de nouvelles technologies d’irrigation et l’augmentation des surfaces cultivées.

Ainsi, l’absence de la Chine sur le marché mondial tend les disponibilités sur le marché de l’urée, d’autant plus qu’elle fournit en majorité le premier importateur mondial : l’Inde. En moyenne, moins de 15 000 t ont été exportées mensuellement depuis le début de l’année 2024, soit le rythme le plus lent de la décennie. Les opérateurs du marché attendaient ce grand retour initialement en avril-mai. Après plusieurs reports, ce retour est dorénavant attendu au plus tôt fin août. Aujourd’hui, aucun calendrier officiel n’est publié mais la consommation intérieure chinoise diminue généralement à partir de début juin, à l’heure où la production d’urée reste soutenue.

Incertitudes sur la production égyptienne

L’Égypte figure parmi les 5 grands pays exportateurs d’urée, et l’Union européenne constitue son principal débouché. Ainsi, toute incertitude sur sa capacité de production pose question sur le marché européen, et notamment français. Depuis la mi-mai 2024, les industriels égyptiens alternent entre interruption totale de leur activité et fonctionnement partiel. Face à cela, le prix de l’urée FOB Damietta a bondi de 285 $/t début mai jusqu’à dépasser les 370 $/t début juillet, soit une hausse de 30,7 %.

Il faut dire que les disponibilités de gaz du pays s’amenuisent. Cet été, l’Égypte est devenue un importateur net de gaz naturel liquéfié (GNL), pour la première fois depuis 2018, afin de répondre à la forte demande locale et de compenser le ralentissement de la production nationale. Si une vingtaine de cargos de GNL sont actuellement attendus, le gouvernement égyptien évalue la possibilité de développer des ressources renouvelables d’ici l’été 2025 afin de réduire sa dépendance à l’égard des importations d’énergie.

La France dépendante des importations

La France reste dépendante des importations d’urée, notamment en provenance d’Égypte. L’évolution des prix mondiaux de l’urée a une incidence forte sur le marché français. Les points bas atteints sur l’urée en avril et en mai 2024, couplés à la fermeté des prix des céréales à cette période, ont permis aux producteurs de se positionner sur les couvertures de la prochaine campagne.

Depuis, la situation s’est inversée. Entre le rebond des cours des engrais azotés, le repli de ceux des céréales et les rendements dégradés sur les récoltes actuelles, la trésorerie des exploitations est mise à mal. L’intérêt pour l’acheteur s’est ainsi fortement dissipé depuis le début de l’été.

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